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L'histoire de CHÂTEAUVIEUX


Armoiries de Châteauvieux




Lecture : D'azur - A l'ombre de château d'argent - A la bordure engrêlée de gueules qui est de Berry.

  • azur (première couleur des Bonnafau, anciens seigneurs du lieu).
  • ombre de château (évocation du premier bâtiment féodal), argent (troisième couleur des Bonnafau).
  • bordure engrêlée de gueules (appartenance au Berry, évocation du vignoble, seconde couleur des Bonnafau).

Mairie de Châteauvieux



CHATEAUVIEUX fut à l’origine une villa gallo-romaine, à savoir un grand ensemble agricole occupé par un chef et sa famille, ses serviteurs appelés serfs vivant dans des grottes creusées dans le rocher ou dans des chaumières à proximité d'un bois ou d'une fontaine. Puis au IIIème siècle, la villa se transforma, lors de l’invasion des Francs, en castrum, mot latin qui signifie villa fortifiée : en effet, les habitants furent obligés à tailler le rocher et à construire une enceinte pour se protéger et rendre la place inaccessible aux agresseurs. Vers la fin du Vème siècle eut lieu l’invasion des Wisigoths. Le castrum, réputé ancien, prit le nom de vetus (en latin : vieux), puis devint Chasteau-Vielz. Mais au IXème siècle, lors de l’invasion normande, l’enceinte fortifiée dut se développer et se transforma en château fort après la construction de nouveaux remparts.


Quelques dates et références :
  • 1er Mai 1311 : partage de la terre et des droits de Chasteau-Laudon et de Chasteau-Vielz entre les membres de la famille des Guiter. Chasteau-Vielz échut à Messire Etienne de Chasteau-Chalon (Calonis) vivant chevalier, et réputé à sa mort Seigneur de Chasteau-Vielz.
  • 1356 : Chasteau-Vielz fut pris et occupé par les Navarro-Anglais.
  • 1362-1363 : la forteresse fut rasée sur les ordres de Pierre de Palluau, seigneur de Montrésor, pour éviter le retour des Anglais dans cette place forte.
Vers 1385-1395, Loys de Rouhy de la seigneurie de Mesnetou se porta acquéreur des terres de Péguignon et de Chasteau-Vielz, que lui cèda Pierre De Velors. Sur les ruines du château fort, il fit construire une sorte de gentilhommière.  Deux bâtiments furent également élevés : un bâtiment principal long d'une cinquantaine de mètres et, en face, les communs avec une grange, les écuries et les greniers.  Loys de Rouhy mourut vers 1391.
Son fils aîné Jehan I de Rouhy se maria à Mademoiselle Marie de Préaux vers l’an 1400. Il en eut deux enfants : Jehan II et Marguerite-Marie.


Jehan II de Rouhy, chevalier seigneur de Menetou, se maria en 1422 avec Phelipa de la Brosse. Il adjoignit ainsi à son patrimoine la terre de la Brosse sous Valençais, et la terre de la Bourre du Clou (Bourdichou), paroisse de Luçay-le-Masle (le Mauvais). Phelipa lui donna trois enfants : Jehan III, Louise qui épousa le Seigneur de Rilly, et Jacques.
Il semble que ce soit Jehan II qui réalisa un projet de chapelle qui, selon la coutume féodale, devait assurer une sorte de "survie" et qui servirait de nécropole à la famille présente à venir. Par la suite, l’église fut reconstruite peu à peu. De la primitive (style Roman, Xième siècle), il ne restait que le pan de mur encadrant le portail d’entrée, et peut-être les fondations. Elle ne fut terminée qu’au début du XVIème siècle.

Le fils cadet de Jean III nommé Jean IV de Rouhy, devint seigneur de Chasteauvieux. Il se distingua en faisant partie des Cent Gentilshommes de la Maison du Roi, sous le règne de Louis XII.
Puis son fils Edme ou Hemoy de Rouhy fut héritier pour moitié avec sa sœur Jeanne. N’ayant pas de descendance, il céda sa part à Jeanne De Rouhy (sa sœur). Par le mariage de celle-ci avec Pierre de Voysines, Chasteauvieux passa à la famille de celui-ci vers l’an 1541. La partie Renaissance du château fut édifiée sous ses ordres, complètement séparée de la gentilhommière érigée au siècle précédent. Le pignon du midi était flanqué d'une tour rectangulaire comme celle que l'on peut voir au château de Saint-Aignan et les fenêtres sont à croisillons avec frontons sculptés.
Jean de Voysines, fils des précédents, épousa en 1558 Renée Du Plessis. Ils n’eurent qu’une fille, Renée, qui épousa Claude De Bonnafau.

Puis le château passa par héritages successifs à :

  • Imbert Louis de Bonnafau,
  • Charles de Bonnafau, qui fit construire le pavillon vers 1650, bâtiment isolé près de l'église et possédant un sous-sol voûté où l'on suppose qu'à cet endroit se situait le donjon féodal de la forteresse détruite,
  • Charles II de Bonnafau, qui épousa Marguerite de Launay, dont le père était Maréchal des Logis de la Reine Mère.
  • Charles III de Bonnafau, né en 1669, Lieutenant Porte Etendard dans le régiment des Dragons, tué d'un coup de pistolet le 6 septembre 1694.
Sa sœur Marie épousa en 1715 en secondes noces Pierre de Forges qui, à la mort de sa femme, devint seigneur de Chasteauvieux. Il se remaria en 1730 à l'âge de 50 ans avec Gabrielle de La Marche, 24 ans. Ils eurent six enfants (dont l'un, Guillaume, mourut à 21 ans) et devinrent Marquis et Marquise de Châteaubrun. C'est à cette époque que fut construite la partie qui fait soudure entre le bâtiment Renaissance et la ferme gentilhommière. Au fronton de la façade donnant sur le parc se trouvent deux blasons accolés par le sommet sous une couronne de marquisat (deux familles alliées de Forges et de la Marche). Le bâtiment comprend un salon de réception, une grande salle à manger et un petit salon engagé dans la partie Renaissance.
Une des filles du marquis et de la marquise, Gabrielle également, épousa Louis Le Chandelier, seigneur de Cambre, écuyer et capitaine de cavalerie qui racheta les parts d’héritage des autres frères et sœurs. Devenue veuve en 1787,  sans enfants mais tutrice des trois enfants de son frère Pierre II, Gabrielle passa les années de la Révolution dans cette terre de Chasteauvieux. Pendant deux mois de l’année 1793, elle fut emprisonnée comme suspecte puis, relâchée, elle dut solder les journées de garde des gendarmes et du gardien de la prison. Fin novembre 1802, Madame Gabrielle de Cambre fit ouvrir à ses frais la chapelle du château qui était fermée au sud d’un mur assombrissant le chœur de l’église. Elle fit alors reconnaître pour elle et pour ses héritiers à venir un titre de propriété sur la chapelle.

A sa mort survenue en 1821, Madame de Cambre légua par testament le domaine de Chasteauvieux à sa nièce Augustine-Marie Rosalie, femme de Royer-Collard. Monsieur Royer-Collard fut élu académicien en 1827. Cet homme fit de nombreuses rénovations dans le château. Les alcôves, très à la mode par le passé, firent place à des chambres plus claires, plus aérées. Il rassembla une bibliothèque de grand style comprenant de nombreux auteurs de droit, Grecs, Latins, Anglais, Français. Il collectionna les feuillets de « Monsieur Universel » des années 1814 à 1845, qui représentaient le « journal officiel » de la monarchie. C'est dans cette pièce qu'il recevait ses visiteurs et où se trouvent encore son bureau et son fauteuil (Madame Andral y recevrait plus tard les enfants de la commune pour leur remettre un cadeau de Noël). C’est aussi à cette époque que fut construit le porche avec sa lourde porte cochère et la porte latérale réservée aux piétons (vers 1824). En 1829 fut construit vers l’est un pigeonnier pouvant contenir jusqu’à 400 pigeons, ainsi que les murs du jardin remplaçant les haies vives. Un paysagiste vint d’Allemagne ordonner toutes les plantations dans la cour intérieure, le parc et les bois attenants. Royer-Collard mourut en 1845 et fut inhumé dans le petit cimetière paroissial qui côtoie l’église au sud.



Sépulture de Royer-Collard dans le cimetière paroissial de Châteauvieux

Ce cimetière fut désaffecté en 1890, mais sa tombe y est toujours visible après un nettoyage réalisé dans le cadre d'un chantier d'insertion à la fin du XXème siècle.
Madame Royer-Collard décéda à Paris en 1853 et fut inhumée à Montparnasse.

Augustine Royer-Collard, troisième des quatre enfants, hérita du domaine de Châteauvieux, les deux premiers étant morts en bas âge. Son mari, Gabriel ANDRAL, avait pour père Guillaume Andral, médecin-chef de la Reine Caroline De Naples, troisième sœur de Bonaparte. Gabriel suivit les traces de son père et devint un brillant médecin :
  • 1828 : professeur à l’école de médecine
  • 1833 : il publie un précis élémentaire de pathologie
  • 1845 : il devient membre de l’académie des sciences.
Par son mariage en 1827, il devint co-propriétaire du château. Le 13 Juin 1828 naît son fils Paul Andral.
Chaque année, la famille Andral passait ses vacances au château. Monsieur donnait des consultations aux habitants de Châteauvieux. Madame faisait l’aumône aux pauvres et aux malades, quand sa propre santé le lui permettait. Quant au petit Paul, il partageait son temps entre l’étude (dirigée par son grand-père) et la compagnie du jardinier, du basse-courrier et de tous les auxiliaires de la maison. Il avait à sa disposition un petit âne de Palestine sur lequel il parcourait les champs et les friches.
A la mort de ses parents (1874 et 1876), Paul Andral hérita du domaine de Châteauvieux. En 1852, année de l’établissement du Second Empire, Paul Andral resta attaché aux traditions de la monarchie constitutionnelle et parlementaire. Il se fit royaliste et libéral. Avec de telles opinions, le Barreau demeura la seule carrière qui lui restait ouverte. Il se trouva alors à la tête d’un cabinet justement renommé.
  • 1869 : il échoua aux élections du dernier corps législatif de l’Empire.
  • 1871 : il échoua aux élections de l’Assemblée Nationale mais il devint membre du Conseil d’Etat.
  • 1873 : il fut élu vice-président de ce conseil. Il reçut au titre de Conseiller d’Etat l’ordre de Chevalier National de la Légion d’Honneur.
  • 1875 : au titre de Vice-président du Conseil, il fut nommé Officier du même ordre.
  • 1882 : il abandonna la magistrature. Il devint Directeur du réseau de chemins de fer Paris Orléans dont il rétablit la prospérité. Il y fit entrer comme agents un bon nombre de jeunes villageois au retour de leur service militaire.

Monsieur Paul Andral avait épousé Mademoiselle Blanche Delius d’origine juive, convertie au christianisme. C’était une personne très autoritaire qui faisait montre parfois d’un certain pharisaïsme : sur son passage elle aimait être saluée… Elle avait un faible pour les enfants auxquels elle distribuait volontiers du chocolat ou autres friandises. Quand un mariage se célébrait, les jeunes époux devaient, au sortir de l’église, se présenter au grand salon où ils recevaient un cadeau approprié à leurs besoins. Ils étaient ensuite autorisés à poser devant le photographe dans la cour intérieure et devant la porte d’honneur. Malgré son amour pour les enfants, elle ne put en élever. Des deux petits garçons qu’elle mit au monde, l’un mourut à 8 mois, l’autre à 1 mois. Ils sont inhumés au cimetière paroissial de Châteauvieux. Vers 1882 eut lieu la restauration de la partie Renaissance du château. Le « Pavillon » s’appelait à l’époque « la maison du lierre ». Paul Andral y avait son cabinet de travail et y donnait ses consultations. Le château et le pavillon étaient reliés par une galerie mi-souterraine.
Paul Andral décéda en 1889 à l’ âge de 61 ans. Il fut inhumé dans le cimetière paroissial.
En 1892, Madame Delius Andral dota Châteauvieux d’une école maternelle. Un nouveau clocher fut édifié. L’église fut agrandie et restaurée. Madame Andral souscrivit la totalité des dépenses. Pendant un an, l’école fut dirigée par les sœurs de Saint Vincent De Paul. Mais un différent opposa la Mère Supérieure et la fondatrice. C’est la raison pour laquelle l’année suivante, ce furent les Servantes du Cœur de Marie qui prirent la direction de l’école. L’école ferma en 1904, Madame Andral et la communauté des sœurs n’ayant pu admettre que les sœurs revêtissent l’habit séculier. Madame Andral fit don d’une parcelle de terrain assez importante pour l’implantation d’un plus grand cimetière (1898).

1912 : la grande tour qui flanque le pignon du château côté sud-ouest fut élevée.

Madame Blanche Delius Andral décéda en 1925 à l’âge de 88 ans. Elle fut inhumée à Paris au cimetière du Père Lachaise. Sans héritiers proches, Madame Andral légua le domaine de Châteauvieux à la Société Philanthropique de Paris, à charge pour elle d’installer une maison de repos sous la direction d’une communauté religieuse, pour dames et jeunes filles fatiguées.

1929 : les religieuses de Notre Dame de la Providence de Blois eurent pour mission d’ouvrir cette maison de repos et d’y recueillir au mieux, des pensionnaires recrutées de préférence dans la grande famille des cheminots. Par la suite, le recrutement s’étendit à toutes les branches d’activités professionnelles, et l’établissement obtint l’autorisation de se transformer en centre de repos et de convalescence (1961).

En 1998, l’établissement se transforma en Maison De Retraite Médicalisée, grâce au partenariat établi avec la Caisse Régionale d’Assurance Maladie du Centre, Le Département du Loir-et-Cher, l’Organic, la Cancava, la Mutualité Sociale Agricole du Loir-et-Cher, la Caisse des Dépôts et Consignations, qui ont assisté la Société Philanthropique tout au long du parcours administratif et financier engagé. L’investissement global représenta 25 millions de francs, pour une réalisation de grande qualité.




Sur l'église Saint-Hilaire de Châteauvieux

Eglise romane de Châteauvieux et son cimetière paroissial
Dès le XIIIème siècle, une église existait : elle jouxtait la forteresse et faisait corps avec elle au sommet du promontoire. Un document du XVème siècle révèle la présence d'un prêtre au service de cette église.
Sous la féodalité, ce furent les abbayes qui fondèrent la plupart des églises dans les campagnes. Elles avaient institué des confréries de bâtisseurs de dix à douze membres. Sous la direction d'un maître d'oeuvre qu'on appelait "docteur es maçonnerie", ces équipes itinérantes exécutaient les travaux de construction. Ces maîtres et ces maçons étaient en majorité des érudits es sciences mathématiques, géométriques et professionnelles, en même temps que zélateurs ardents et éclairés de la foi chrétienne. Au surplus, ils n'étaient pas salariés, ils vivaient simplement et naturellement à la charge du promoteur, et même se contentaient souvent d'une prime à l'année, et l'on peut dire très justement qu'ils travaillaient en franchise, d'où l'appellation qui leur est restée de francs-maçons.

Ce fut à l'abbaye de Pontlevoy que le seigneur de Châteauvieux eut recours pour la fondation de l'église qui fut construite sur la hauteur tout à proximité de la forteresse et, lorsque dans les années 1362-1363, celle-ci disparut, l'église, elle, fut épargnée.
Voici comment un expert en la matière donne en détail la structure de l'église de Châteauvieux telle qu'elle se présente à ce jour :

"Elle a été construite au début du XIIIème siècle dans le style gothique angevin. La nef est formée de trois travées de plan carré, couverte de voûtes bombées à liernes et éclairées par des fenêtres en tiers-point hautes et étroites.
Le chœur moins large que la nef est terminé par un chevet plat, percé de trois fenêtres, comprend une première travée semblable à celles de la nef et une autre plus courte dont la voûte rappelle celle d'une abside à trois pans complétés par deux petites trompes d'angle.
Les nervures très légères sont profilées d'un tore, les doubleaux de profil rectangulaire aux angles ornés d'un boudin retombent sur des pilastres à ressaut flanqué d'une colonne et de deux colonnettes avec chapiteaux à crochet.
Des motifs sculptés décorent les clés de voûte et les points de rencontre des liernes avec le sommet des doubleaux et des formerets.
Le portail en plein-cintre est flanqué de chaque côté des colonnettes supportant la retombée d'un double archi-volte à profil torique.
Les murs latéraux sont surmontés d'une corniche à modillons sculptés."


Docteur Frédéric LESUEUR, "Les Eglises du Loir-et-Cher", Editions Picard, 1959.


La chapelle seigneuriale fut édifiée dans les dernières années du XVème siècle, probablement sous le règne de Louis XII, sous l'impulsion de Jehan de Rouhy. De plan carré, la dite chapelle épousait l'aire de la travée nord du chœur de l'église. Fermée de murs sur ses quatre côtés, elle comportait une verrière de forme ogivale en plus de la porte d'entrée par le dehors. La rosace minuscule qui l'éclaire du couchant serait l'oeuvre complémentaire d'une restauration postérieure. Cette chapelle était destinée à servir de nécropole aux corps des défunts nobles hommes, et des défuntes nobles dames de la Seigneurie.
Au siècle suivant, Pierre de Voisynes, devenu seigneur de Châteauvieux, du chef de sa femme Jehanne Rouhy, fit ouvrir une baie donnant vue sur le chœur de l'église, pour ériger un autel qu'il dédia à Sainte-Marie. Aussi a-t-on lieu de penser que la "Vierge au Sourire" fut la première image vénérée en ce lieu depuis cette dédicace : c’est une merveilleuse statue de pierre du XVIème siècle. Elle est certainement une des plus belles statues de France par l’expression de son visage rayonnant d’amour maternel, et par ses formes douces et apaisantes. Classée, elle fait partie du patrimoine national de l'art sacré. Une plaque à la mémoire de Madame de Cambre, alors propriétaire du château, y fut apposée en 1821, la loi interdisant dès cette époque l'inhumation dans les églises.

Sous le chœur même de l'église avait été creusée une galerie souterraine, l'aire de la chapelle s'étant avérée insuffisante par la suite des âges pour receler les corps des héritiers - Patrons défunts et de leurs nobles-Dames. Cette galerie devait communiquer avec la crypte de la chapelle où se trouvaient déjà les ossements des premiers patrons. L'entrée de cette galerie se situe en avant du mur et dans la nef même. Pour l'heure, une dalle en ciment faisant palier en ferme l'entrée.

En 1802, le Conseil Général de Châteauvieux estimait que le chœur de l'église n'était pas suffisamment éclairé puisqu'effectivement, il ne recevait qu'un faible jour du levant et du midi. Il espérait que la Dame de Cambre (propriétaire du château et de l'église) pourrait consentir à ce que le mur séparant l'église de la chapelle fut retiré en entier. On y formerait une arcade et par l'ouverture plus spacieuse, le chœur se trouverait mieux éclairé de ce fait par la croisée que possédait la chapelle. Madame de Cambre souscrivit à la requête des municipaux et offrit même de couvrir les frais de l'opération.

Le tabernacle fut installé en 1845.

Le 14 janvier 1848, fête patronale de Saint-Hilaire, évêque de Poitiers, eut lieu l'érection du chemin de croix en l'église de Châteauvieux.

L'an 1849, le 7 octobre, les membres du Conseil de Fabrique réunis en séance ordinaire ont accepté le legs de cinq cents francs que Monsieur Andral, nouveau propriétaire du château, a fait à la Fabrique et décidé que cette somme serait employée à déboucher les croisées de l'église et à les faire revitrer à neuf, ainsi qu'à reprendre en sous-oeuvre les piliers de l'église qui en avaient bien besoin.

L'horloge donnée par Monsieur et Madame Andral fut installée dans la façade en 1856. L'année 1868 voit la mise en place du confessionnal.

Une sorte de brouillon testamentaire et non signé, quoique daté du 20 novembre 1882, révèle que Madame Andral avait la ferme intention de contribuer à l'agrandissement et à la restauration de l'église paroissiale, les murs de soutènement n'étant plus aptes à retenir les voûtes. La mort de Madame Andral en fin d'année 1889 apporta du retard à la réalisation de ce projet.

Le 16 octobre 1892, Monseigneur Charles Honoré Laborde bénit et posa la première pierre d'un nouveau campanile. A remarquer que le clocher actuel est une deuxième édition. L'édifice qui le précéda donne l'impression d'un campanile comme écrasé par le rapport à la masse du monument qui constituait l'église d'alors. Ce fut d'ailleurs le point de départ dans la suite des travaux qui, en cinq années, devaient aboutir à la réfection quasi totale de l'église, et rendre celle-ci telle que nous la découvrons actuellement. Toutes les pierres effritées furent remplacées par des nouvelles moins friables et l'on eut soin de conserver les pierres sculptées en figures grimaçantes ou animales ornant l'assise des voûtes à leur naissance.

Attenante au clocher fut édifiée la chapelle de l'Apôtre Paul en souvenir de Monsieur Paul Andral, chapelle séparée du chœur de l'église par trois arcades de forme ogivale soutenues par deux jeux de colonnades jumelées et dans le but de laisser entrer la lumière du jour par la verrière du midi.
Au chevet de cette chapelle fut dressée la sacristie où tous les objets servant à l'exercice du culte divin sont entreposés dans de hauts et spacieux placards en vieux bois de chêne.

Trois autels furent érigés, tous trois de pierre :

  • le Maître-Autel, collé au fond du sanctuaire et surmonté de trois vitraux posés en 1894 et à personnages coloriés, en ton pâle, rappelant assez les couleurs d'usage du Moyen-Age et reposantes pour les yeux. Le vitrail du centre représente le Christ mort en croix, où figurent à ses pieds Marie Madeleine la pénitente et de chaque côté, debout, la Vierge douloureuse et Jean le disciple bien-aimé. Le vitrail de gauche représente la naissance de Jésus, un nouveau-né couché dans une mangeoire d'animal, Marie et Joseph en arrière et à genoux comme adorateurs, et les Anges en haut annonçant la paix aux hommes de bon vouloir. Le vitrail de droite représente le Christ ressuscité environné de lumière, et, à ses pieds, l'un des gardes tout prostré ou même renversé de stupeur devant le tabernacle vide. Le tabernacle, de pierre comme l'autel, avec porte en cuivre doré, table en avant, degrés de chaque côté. La table de communion, de pierre également, fermée de deux portillons en fer forgé peints au vernis doré.
  • l'autel de la chapelle de la Vierge, avec son motif reluisant du fond, formant niche imitée des catacombes, au milieu de laquelle surgit la vivante statue de la "Vierge au Sourire".
  • l'autel de la chapelle Saint-Paul, avec son retable moderne formé d'une pièce unique de toile peinte en couleurs vives, superposée de trois arcades : la majeure au milieu, les deux mineures de chaque côté, constituant pour l’œil du visiteur attentif trois panneaux distincts. Cette toile représente Paul l'Apôtre en marche vers une nouvelle communauté de disciples du Christ, et portant le Livre Saint des Ecritures qu'il commentera aux convertis formant ces communautés établies par lui en Grèce, en Crète, en Aise Mineure et jusqu'à Rome même, sans oublier l'Espagne.
On doit la chapelle Saint-Paul, la sacristie et le clocher à l'architecte A. Lafargue.

La chaire, elle aussi, est de pierre dans le vaisseau même de l'église et trouve sa place avec son escalier (installé en 1895). Elle est encastrée dans la paroi adossée au corps même du clocher.

Deux statues de pierre et signées A. SUCHET :

  • Saint Hilaire de Poitiers, patron de l'église, don de la famille ROYER-COLLARD (1838).
  • Sainte Barbe-Barbara, vierge martyre qu'on invoque contre la foudre, l'incendie, don très probable de la même famille.
Ces deux statues furent encastrées dans une avant-niche en retrait sur les parois latérales de la grande ogive qui, à la fois, sépare et relie la nef de l'église du chœur lui-même.

Dans la base du clocher au rez-de-chaussée furent placées vers 1895 deux autres statues :
  • celle de Saint Jean Baptiste signée A. Suchet en 1898. Sans la tribune, cette statue aurait eu sa place toute indiquée dans les Fonts Baptismaux.
  • la statue de Sainte Solange, vierge martyre, devenue patronne du Berry.
A l'intérieur du clocher, sur la paroi nord, de chaque côté de la statue de Saint Jean Baptiste, se trouvent incrustées deux pierres récupérées lors de l'érection du clocher. L'une de ces pierres porte l'énoncé du vœu au nom de ses ouailles que fit le Prieur-curé du temps, à savoir : de se porter en pèlerinage le lundi de Pentecôte 1613 au sanctuaire de la Bonne-Dame de Nantueil, situé à la limite du faubourg de la ville de Montrichard.

Le bas-relief, médaillon de pierre sculptée, est connu sous le nom de "Vierge à l'enfant".
Le bénitier en pierre date du XIIème siècle et les fonts baptismaux du XIIIème.


LES CLOCHES DE L'EGLISE (tiré de l'histoire de Châteauvieux du curé Bertin)
Louis de Bonnafau, écuyer et seigneur de Péguignon (1680-1715), figure comme parrain d'une cloche de la paroisse de Châteauvieux.
Quand, au début de l'été 1793, le capitaine de génie Lazare Carnot fut chargé des galères militaires, la mobilisation de toutes les cloches des églises et autres monuments publics fut décrétée dans le but de les fondre en canons et d'ainsi équiper les armées de la République. Ce fut donc dans les années qui suivirent 1793 que la cloche de Châteauvieux fut descendue et envoyée à la fonte, l'église devenant le Temple de la Raison (lieu de lecture publique des lois et décrets).
Toujours est-il qu’en l’année 1832, l’on songea à remplacer celle qui avait été réquisitionnée comme tant d’autres. Cette cloche, nouvellement fondue, devait être bénite dans la dernière quinzaine de juillet 1832.
Mais cette année-là fut marquée par une violente poussée épidémique de choléra. Cette épidémie très virulente fit nombre de victimes, tant à Paris qu’en Province : Orléans, la Sologne, Saint-Aignan même, connurent quelques cas isolés de cette épidémie.
Monsieur et Madame Gabriel Andral, à Paris, payèrent leur tribut à cette maladie, et au mois de juillet 1832, ils étaient en danger : le Docteur l’avait contractée au chevet des malades dans un service hospitalier où les médecins se relayaient à tour de rôle.
C’est cet état dangereux qui malencontreusement empêcha Monsieur Royer-Collard de quitter Paris et d’être présent à Châteauvieux, pour remplir l’office de parrain à la bénédiction solennelle de la cloche nouvelle. En date du 24 juillet 1832, Monsieur Royer-Collard délégua par lettre Monsieur Jouanneau, Greffier du Juge de la Paix à Saint-Aignan, pour le représenter et remplir l’office de parrain. Il lui envoya d’urgence une étoffe précieuse, destinée tout d’abord à « vêtir » la cloche, puis, ensuite, à « confectionner un ornement d’église ».
La bénédiction de la cloche fut faite le 29 juillet 1832 par l’Abbé Jean-Baptiste Lebeurrier, curé de Châteauvieux, lui-même délégué par le Grand-Vicaire de Blois, empêché. La cloche reçut le nom de Paul Marie. Elle eût pour parrain Paul Royer-Collard, représenté par Monsieur Jouanneau, et pour marraine Dame Elisabeth Chevalier, née Bernardeau, femme du Juge de Paix de Saint-Aignan. Les témoins furent : Pierre Lucas, Noël Bolpoudeur, Marie Renard et Marie Bernardeau.
Les circonstances qui amenèrent l’Abbé Lebeurrier à donner deux « sœurs » à la cloche Paul Marie ne sont pas connues. On peut cependant supposer, qu’ayant pris place dans le campanile peu de temps après l’Armistice de 1871, ces deux cloches furent un témoignage de reconnaissance. En effet, la population de Châteauvieux n’a pas vu défiler les patrouilles de Uhlans bavarois.
Celle qui venait de Tours n’a pas dépassé Saint-Aignan.

« Rose Hilaire je m’appelle ; j’ai été bénie en 1871. J’ai eu pour parrain Monsieur Paul Andral, Avocat à la Cour Impériale de Paris, et pour marraine Madame veuve Bodin née Olivet de Péguignon. »
Cette cloche a été donnée par l’Abbé Jean-Baptiste Lebeurrier, curé de la paroisse depuis 1828.

« BARBE je m’appelle ; en 1871 j’ai reçu ce nom. J’ai eu pour parrain Elie Royer de Talleyrand Périgord. »
Cette cloche fut également donnée par l’Abbé Lebeurrier. Elle eut pour marraine Madame Paul Andral née Délius.



* Selon les informations Internet via http://www.ehpadlechateau.fr